Les premiers boeufs domestiques.
Quelque soit la date exacte d' apparition d' espèces domestiques, il apparaît qu' elles n' ont été adoptées par les populations sahariennes que par ce que ces dernières avaient accumulé une expérience vieille de quelques milliers d' années en matière d' attention aux animaux. Le Sahara à cette époque est une steppe subdésertique, habitée et exploitée par une organisation économique de nomadisme pastoral extensif de la mer rouge à l' atlantique. L' abondance des sites archéologiques reflètent des groupes qui nomadisent dans un territoire, relativement important mais fixé. Les systèmes d' alliances et de mariages inter-groupes, assurant leur survie ont probablement favorisé la diffusion de certains styles artistiques.
Représentation des boeufs.
Dans un même troupeau les formes des cornes peuvent être très variables : des bêtes acères (sans cornes) côtoient d' autres animaux avec des cornes en avant ou en forme de lyre. On est frappé par la variété du cornages de ces boeufs mais, de nos jours, les Peuls du Burkina n' ont pas moins de douze termes pour désigner les formes des cornes de leurs bêtes.
Deux éléments ressortent dans les différentes images des bovidés : les cornes et le dessin de la robe.Les cornes sont un exemple de l' évolution de la sculpture vers la représentation en deux dimensions avec toutes les difficultés de la perspective. La représentation en 2D nécessite d' apprendre à regarder afin de pouvoir reproduire fidèlement.
Généralement les boeufs sont représentés de profil alors que le cornage est vu de face ou de trois-quarts. On note une évolution dans la représentation des cornes. Au Messak, en Libye, les cornes sont courtes et robustes, disposées en tenaille. Ce port est plutôt celui de l'auroch sauvage. On trouve ensuite des boeufs avec une corne unique dirigée vers l' avant et souvent une extrémité bifide. En fait c' est la vue de profil des deux cornes parallèles.Enfin ce sont les longues cornes en forme de lyre qui atteignent le summum de la diversité. Elles rehaussent les peintures d' une touche esthétique certaine.
Les peintures rupestres montrent une véritable sculpture du cornage, parfois de la plus haute fantaisie, mais toujours d' une grande élégance. Les pasteurs pratiquaient la déformation des cornes. Des crânes de boeufs retrouvée lors de fouilles au Soudan présentaient des déformations, témoins du rapprochement des cornes afin de les rendre parallèles. Cette pratique zootechnique est encore d' actualité chez des populations de pasteurs de l' Afrique de l' est.
On retrouve ces boeufs avec de grandes cornes en forme de lyre le plus souvent croisés avec des zébus originaires d' Asie dans les plaines sahéliennes entre les mains de pasteurs, notamment des Peuls Bororo.
On relève dans les peintures des dépigmentations de plusieurs types : dépigmentation latérale (une ligne sur le dos garde trace de la couleur d' origine), panachage irrégulier, ceinture et tête blanche.
Les peintures rupestres montrent des robes avec des dépigmentations que l' on peut retrouver encore aujourd'hui dans les troupeaux, ce qui montre le caractère très naturaliste de ces peintures de la période bovidienne.