Ces groupes se sont répandus partout dans la Tassili N' Ajjer, notamment la région d' Iherir où ils ont laissé de magnifiques peintures.
Les protoberbères témoignent d' un art précieux avec un goût très prononcé pour le mélange des couleurs et surtout une technique nouvelle, celle du dessin au trait.Alfred Muzzolini regroupe ces peintures au sein d' une école qu' il dénomme "école d'Iheren" d' après un abris du plateau de Tadjelahine, au dessus du village d' Iherir, où les compositions de ce type abondent.
Cette école correspond à des figurations qui se distinguent par une technique, le dessin au trait, et par le type des personnages exclusivement europoïde.
Cette école avec son naturalisme évolué et sa maîtrise technique a certainement produit les plus beaux chefs-d 'oeuvres des peintures rupestres du Sahara.
La principale caractéristique est le tracé effectué avec un pinceau fin, parfois utilisé seul, parfois employé avec des aplats légers de tonalité claire et quelques aplat plus foncé.
L' arme usuelle de l' école est le bâton de jet. C' est une arme de chasse mais surtout une arme d' apparat. Parfois simple bois coudé, c' est le plus souvent un long bâton soigneusement décoré.On le brandit dans des scènes de combat ou de danse.
L' arc a presque complètement disparu, le javelot est utilisé pour la chasse.
Un autre trait distinctif est constitué par la présence très souvent de peintures corporelles. Elles s' observent sous diverses formes. Les bras, les jambes et parfois la totalité du corps sont décorés par des peintures ou des tatouages. Les boeufs aussi sont parfois décorés, zébrés de rayures.
L' ethnologie nous apprend que ces peintures corporelles ont une autre signification que celle de parure. Il s' agit souvent de signes magiques qui entrent dans les rites religieux et guerriers. Ils peuvent aussi permettre de distinguer un groupe par rapport à un autre, ou encore le statut social de chacun.
La tribu en déplacement est un thème qui revient fréquemment dans les compositions. Les protoberbères étaient des groupes pasteurs. Ils ont beaucoup représenté leur bétail, notamment dans des scènes de migration à la recherche de bons pâturages.
Le troupeau avance guidé par de jeunes bergers. Certains boeufs sont libres mais d' autres transportent les femmes sur leurs dos.Les boeufs portent aussi les bagages, souvent fixés entre les cornes, ainsi que les armatures des tentes.Les peuls wodabee utulisent encore pour le déplacement de leur campement un mode de transport analogue.
Dans un naturalisme consommé tout le bestiaire de la savane est figuré : girafes, éléphants, autruches, félins, gazelles et antilopes.
La présence de l' oryx, grande antilope aux cornes immenses et qui évolue dans dans un environnement sec, témoigne de l' aridité du climat. Vivant dans les régions sahéliennes et semi-désertiques le régime de l'oryx lui permet de couvrir ses besoins en eau uniquement avec la rosée du matin et lui permet de se passer complètement de boire.
Au cours de la période pastorale les sociétés du Sahara apparaissent très diversifiées sur le plan ethnique et culturel, puis peu à peu le peuplement semble être dominé par des groupes blancs. Toutes les caractéristiques de ce peuplement montrent que c' est dans ce creuset que se constitue la souche à partir de laquelle vont émerger les premières populations berbères du Sahara. Plus tard d' autres vagues paléoberbères de migration suivront s' ajoutant à cette souche préhistorique pour constituer l' assise du monde Touareg. (Malika Hachid).